WHO DO IT ? #2 - LOAN

A nouveau, la plume est sollicitée pour mieux dresser le portrait de Loan, une belle rencontre à distance, cette artiste à plusieurs facettes, aux talents divers, elle possède une grande sensibilité dans sa recherche esthétique et nous ouvre généreusement les portes de son univers, en toute simplicité, avec une fraîcheur d'esprit atypique et des créations originales et inspirées, bonne lecture et laissez vous guider...

LOAN Ft. JUICE ALEEM présentent UNSTOPPABLE > Issu de l'album " IN SPACE TIME " - IOT records

En quelques mots, pourrais tu te présenter et nous introduire à ton univers?
Formée à l'école «musique électronique», je construis des ponts entre différents styles de musique : techno, bass music, dub, hip-hop, ethnique... et ce depuis plus d'une quinzaine d'années. Passionnée par la danse, et particulièrement Hip-Hop, je cherche à mettre en images des mouvements, des histoires, qui inspirent ma musique, et ce, grâce à des danseurs/chorégraphes de talent. Je me suis donc lancée depuis peu dans la réalisation de vidéos, courts-métrages spécifiques à la danse.

Peux tu nous expliquer brièvement ta démarche en générale dans les domaines artistiques qui te concernent?
La danse m'a toujours inspirée pour composer de la musique et forcément, vice versa. Ce rapport intrinsèquement lié entre ces deux disciplines m'interroge sur l'influence mutuelle qu'elles se donnent. Par exemple, ici dans notre monde occidental, c'est le danseur qui accompagne généralement la musique. En Côte-d'Ivoire (où j'ai grandi), c'est l'inverse, j'ai toujours vu les percussionnistes accompagner les danseurs. Ce qui m'amène à me dire que pour composer de la musique, quelque part, je dois aussi laisser parler mon corps, ses mouvements, le geste, je peux les exécuter ou les imaginer, peu importe. Et du coup, l'inverse doit-être certainement le cas ? Un danseur technique, capable de prouesses, qui ne serait pas véritablement à l'écoute de la musique au point d'en être habité, est-ce vraiment de la danse ? Car tout ceci nous conduit à une seule et unique chose : quand ces deux éléments, musique et danse fusionnent, alors le corps et l'esprit sont capables d'entrer en transe. Et pour avoir vu cet état de conscience modifiée toute jeune lors de cérémonies sacrées et/ou vaudou, et l'avoir aussi expérimenté quelque fois, c'est pour moi assurément un des états physiques et sensoriels les plus puissants qu'on puisse vivre. En conclusion, je peux faire un disque, jouer la musique en public, mais ce qui me fascine réellement, c'est de pouvoir voir en mouvement ma musique dans le corps d'un(e) danseur(se). Et le résultat est pour moi fantastique car les danseurs avec qui j'ai la chance de pouvoir collaborer sont fantastiques !

Qu'est ce qui t'inspire dans ces recherches?
Donner du beau, éveiller les sens, interpeller, bousculer… Dans une réalité bien ancrée à notre monde, notre société, notre routine et nos tracas quotidiens, dessiner ce genre de fenêtres vers l’inconnu, l’irrationnel et le subjectif est un échappatoire indispensable. On nous éduque à être pragmatique, objectif, à avoir une pensée raisonnée, mais l’Art est en quelque sorte là pour nous rappeler que nous ne sommes pas que ça. Nous sommes aussi des êtres divins, spirituels, qui pouvons voir et ressentir l’Invisible. La musique est particulièrement propice à cette évasion car elle peut être vécue et ressentie tout en fermant les yeux. Et je ne connais rien d’autre qui puisse me donner cette sensation physique exquise qu'est la « chair de poule » (quelle horrible expression pour parler d'une chose aussi délicieuse)

Comment es tu venue au Hip Hop?
A l’âge de 13 ans, j’ai donc quitté la Côte d’Ivoire et la douceur d’une enfance rêvée pour atterrir en France. Je découvre alors la ville et sa culture urbaine et surtout… Public Ennemy! Ce qui m’a immédiatement interpellée, c’est ce côté hardcore, cette rage. Il y avait plein de sirènes, des sons saturés, des cris, des hurlements ! C’est la première fois que j’entendais ça et ça me plaisait à mort ! C’est ce qui m’a donnée le goût pour les choses « dark », je découvrais avec étonnement et curiosité cet aspect de ma toute jeune personnalité. J’ai donc commencé à m’intéresser au Hip-Hop : la musique mais aussi au graffiti, et bien entendu, la danse. A la même époque, j'ai découvert aussi Afrika Bambataa et le Zulu Nation. Rien que le nom déjà (j'ai grandi en regardant assidûment la série Shaka Zulu!), ça résonnait en moi ! Ainsi que le message de paix, les valeurs véhiculées... Et aujourd'hui, 25 ans plus tard, j'ai l'honneur d'être interviewée par vous ! Je n'aurais jamais imaginé ça et j'en suis honorée !

Selon toi le Hip Hop est il réellement un art de vivre ?
Oui, je pense qu’il peut être un art de vivre pour certains, et une culture pour d’autres. Quelqu’un qui se dit « hip-hop » peut peut-être correspondre à tous les codes, sa façon de s’habiller, bouger, penser, parler, etc… Mais on peut tout aussi bien être Hip-Hop sans en avoir tous les codes extérieurs. Les valeurs qui me sont chères dans cette culture, c’est le sens du partage, de la fraternité et du défi dans un respect mutuel et de paix. Moi par exemple, le hip-hop fait partie de ma culture de façon immuable, toutes ses différentes disciplines m’inspirent. Tout autant que la culture « électronique », tribale ou ethnique. Il n’y a aucun cloisonnement, tout se croise et s’entremêle.

Ton art comporte t il un certain engagement ?
Je suis assez réservée et pudique, donc de là à dire que je m'engage pour quelque chose, j'aurais du mal. Les actions parlent plus que les mots. Mon « art » aussi. Dans la mesure où il me permet de m'exprimer librement sans retenue, je le souhaite toujours sincère, authentique, brut. Je me fais un point d’honneur à toujours aller chercher en profondeur quelque chose à exprimer, à raconter. L’intemporalité est une quête majeure, un souci esthétique et même moral que je m’impose.

As tu des envies ou des projets sur le feu?
Pour le moment je profite d’une petite pause estivale. Après avoir bossé 2 ans sur mon dernier album et court-métrage, j’ai besoin de faire le vide et le bilan. Je pense que la prochaine étape sera un projet plus tourné vers les autres. Car le processus de création d'un album, puis toute la promo qui en découle, c'est beaucoup trop « égocentré » pour moi. J’ai envie de repartir sur la route, aller à la rencontre d’autres cultures, partager. Ici en France, on a tendance à oublier à quel point tout est facile, on peut s’exprimer sans aucune contrainte, censure, peur de représailles. On a toutes les structures adéquates pour la création. C’est une chance incroyable. Je suis tunisienne et cambodgienne de par mes origines, ivoirienne de coeur, et également une femme. Dans « mes » pays respectifs, les choses sont loin d’être aussi simples pour ceux et celles qui veulent s’exprimer, danser, vivre et non survivre. Je sens que le moment est venu pour moi de retourner encore une fois vers mes racines et partager cette passion commune et universelle qu’est la musique, la danse, ou tout autre forme d’art. J’ai tout à apprendre encore et si je peux également transmettre mon savoir-faire aussi modeste soit-il, partager mon expérience, alors ce sera un palier de plus franchi vers l’épanouissement !

Le mot de la fin?
Une citation de Nietzsche qui m'accompagne à chaque instant : 
« Il faut avoir du chaos en soi pour enfanter une étoile qui danse »

PEACE ! 
Propos recueillis par King Siroko

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> IN SPACE TIME

- Sortie le 6 Mai 2015 en digital sur Believe Digital
- Sortie vinyle le 5 juin 2015 sur CD1D / Version collector 
  disponible sur le site du label :  iot-records
- 21 juin : distribution l'Autre Distribution (Fnac, Cultura...)
- Site de l'album : www.loan-in-space-time.org

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>LOAN SOUNDCLOUD

Teaser Album # In Space Time >  www.soundcloud.com/loanliveset"

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> QUAGMA

Directed by Jeremy Frey and Loan
Music by Loan (from the album In Space Time / IOT records)
Dancers : RAF crew (6franc, Ace 974, Romss, Grichka Monsta NY, Marvin Gofin)
Dance special guest : Kaori Ito
Music special guest : Clozee & Guillaume Perret